Baisse des naissances : la mort d’une culture | Le Monde de Demain

Baisse des naissances : la mort d’une culture

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En avril 2019, un journaliste du Global News, Jules Knox, écrivit que les services de santé pour les personnes âgées étaient le secteur en plus forte croissance dans l’économie de la Colombie-Britannique. Malgré des salaires en hausse, de nombreux postes sont toujours vacants dans ce secteur, laissant des personnes âgées en manque de support adéquat et d’attention (16 avril 2019).

 

À travers le Canada, de moins en moins de travailleurs sont disponibles pour combler ces emplois. Que se passe-t-il ? Économiquement parlant, y a-t-il « un canari dans la mine de charbon » ?

Joe Chidley, éditorialiste au Financial Post, avertissait récemment que la stagnation économique qui alimente les craintes dans le monde occidental pourrait durer encore longtemps. Ses causes principales n’ont pas grand-chose à voir avec la compétition économique mondiale, comme beaucoup le pensent erronément, mais elles sont plutôt liées à des problèmes internes. Chidley expliqua que dans le monde occidental et au Canada, malgré des indicateurs positifs, nous voyons actuellement un déclin constant du taux de croissance de l’économie – une baisse qui va probablement se poursuivre (22 août 2019).

Pendant les élections présidentielles de 2016 aux États-Unis, le candidat vainqueur avait promis un taux annuel de croissance économique de 4 à 5%. En pratique, l’économie américaine a seulement progressé de 2% en 2019 (Trading Economic, 2020), bien que cette croissance reste supérieure à celle de la plupart des pays occidentaux. Le produit intérieur brut en Allemagne et au Royaume-Uni a augmenté de seulement 0,5% l’année dernière, et de 0,3% en France. En comparaison, le Canada enregistre une très belle hausse de 1,6%.

Chidley mentionna que dans les années 1960, la croissance des économies occidentales était supérieure à 5%. Elle se stabilisa autour de 4% dans les années 1970. Mais de nos jours, les nations peinent à atteindre 2% ou moins. Pourquoi ?

 

Des causes inattendues

De nombreux démographes et économistes avaient vu venir cette stagnation résultant d’un changement culturel majeur dans les nations occidentales. Pour qu’une population se renouvelle, elle doit enregistrer un taux de natalité d’au moins 2,1 enfants par femme, mais beaucoup de nations n’atteignent plus ce chiffre. Joel Kotkin a rapporté dans la revue Forbes qu’en 1995 une seule nation comptait plus d’habitants de 65 ans que d’habitants de moins de 15 ans. En 2020, 35 pays seront dans cette situation (1er février 2017).

Lorsque le nombre de personnes âgées dépasse le nombre de jeunes, les nations doivent revoir leur politique sociale et économique. Alors que les travailleurs les plus âgés prennent leur retraite, de moins en moins de jeunes sont disponibles pour occuper les emplois, payer les taxes et financer les pensions. La vigueur économique décline et la croissance ralentit alors que la demande des consommateurs faiblit. En France, les mesures prises pour gérer cette situation ont conduit au grand mouvement social de protestation des « gilets jaunes ».

Au Canada, le nombre de naissances par femme a chuté à 1,54 en 2016 (“Fécondité : aperçu, 2012 à 2016”, Statistique Canada, 5 juin 2018). En 2016, ce taux a chuté à 1,5 en Allemagne et à 1,35 en Italie. Pour illustrer différemment ces chiffres, Kotkin expliqua qu’en 1990 il y avait 4,7 Allemands en âge de travailler pour chaque Allemand de plus de 65 ans. Si la tendance actuelle se maintient, le ratio sera de 1,7 travailleur pour 1 retraité en 2050. Le Canada et les États-Unis connaissent le même problème, mais son ampleur est en partie atténuée par l’immigration. Néanmoins, le Canada affronte un cruel manque de main-d’œuvre.

Chidley et les autres mettent l’accent sur le lien entre le déclin/vieillissement des populations et la baisse de la croissance du PIB. Une population vieillissante achètera moins de biens – réduisant la consommation et provoquant une baisse de production. Bien entendu, la production est le véritable moteur de la croissance économique.

Que s’est-il passé au cours du siècle dernier pour que nous en arrivions à une telle situation ?

 

L’emploi des femmes

Pendant les deux guerres mondiales au 20ème siècle, les femmes dans les pays alliés ont contribué de façon remarquable à l’effort de guerre de leur nation en travaillant dans les usines afin que les hommes puissent servir dans l’armée. Après la Deuxième Guerre mondiale, un changement culturel s’engagea alors que de nombreuses femmes continuèrent ou voulurent continuer à occuper un emploi.

Diane Watts, chercheuse pour Les VRAIES femmes du Canada, a expliqué dans un entretien avec le Monde de Demain (7 août 2019) que le féminisme moderne requiert que les femmes se voient comme des victimes, qui ont besoin d’avoir la « liberté » de travailler et de faire ce qu’elles veulent, en étant libérées du « fardeau » du mari et des enfants. Cette vision du monde considère qu’élever des enfants est un obstacle pour la réussite d’une femme.

Bien entendu, alors que de plus en plus de femmes ont commencé à travailler à l’extérieur du foyer, les revenus des foyers ont augmenté et les familles ont disposé de ressources plus élevées, mais le marché s’est adapté et tout est devenu plus cher. Cela nous amène à une situation où de nombreuses femmes mariées ont le sentiment qu’elles doivent occuper un emploi pour combler les besoins de la famille. De plus, beaucoup de parents pensent qu’ils n’ont pas les moyens d’avoir plus d’un enfant. Si les deux parents travaillent, il faut aussi considérer les frais de garde pour les enfants. Certains parents succombent à la pression sociale environnante en calculant qu’un enfant supplémentaire les empêcherait de voyager davantage ou d’acheter des articles de luxe qu’ils associent à la notion de « profiter de la vie ».

 

La guerre contre la famille

Les valeurs sociales contemporaines fragilisent et détruisent l’unité familiale traditionnelle. Le relativisme moral et le politiquement correct sabotent l’acceptation de l’unité familiale autour d’un père qui subvient aux besoins de la famille et d’une mère dévouée qui gère les besoins du foyer – les deux parents enseignant aussi à leurs enfants les valeurs morales absolues du bien et du mal.

L’avortement est le domaine où cette guerre fait le plus rage. Promu comme un moyen de « libérer » les femmes des entraves de l’éducation d’un enfant, la légalisation de l’avortement est un facteur essentiel de la baisse du taux de natalité. L’institut Guttmacher rapporte qu’entre 2010 et 2014, 25% des grossesses sur Terre ont été interrompues par un avortement délibéré (“Avortements provoqués dans le monde(1)”, mars 2018). Cela correspond à 56 millions d’enfants morts avant leur naissance chaque année. À lui seul, le Canada a enregistré une moyenne annuelle de plus de 100.000 avortements entre 2011 et 2016. Les Canadiens ressentiront pendant de nombreuses années l’impact économique de la perte de ces 600.000 vies.

En Occident, le rejet croissant des valeurs bibliques a supprimé les règles morales absolues qui avaient longtemps préservé la place de la famille traditionnelle. Cette détérioration menace le maintien de l’ordre économique et social de ces nations, ainsi que l’épanouissement et le bonheur de leurs citoyens. L’auteur William Gairdner a écrit : « Je suis persuadé que la santé de notre civilisation tout entière ne dépend pas de l’épanouissement individuel […] mais de celui de la famille […] et l’importance et le statut privilégié de la famille […] est en train de s’éroder sous nos propres yeux » (La guerre contre la famille(2), page xiii).

En décrivant certains descendants du patriarche biblique Joseph à la fin des temps, le prophète Osée déclara : « Des étrangers consument sa force, et il ne s’en doute pas ; la vieillesse s’empare de lui, et il ne s’en doute pas » (Osée 7 :9). Cette dernière prédiction annonçait parfaitement le vieillissement du monde anglophone actuel. Les gens ont été trompés en étant amenés à croire que les enfants sont un fardeau. Vous qui lisez cette revue, j’espère que vous prenez plutôt à cœur la déclaration sans ambages de Dieu : « Voici, les enfants sont un héritage de l'Éternel ; le fruit des entrailles est une récompense » (Psaume 127 :3, Ostervald).

(1) Induced Abortion Worldwide
(2) The War Against the Family

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