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Au début de la Première Guerre mondiale, en 1914, un jeune lieutenant et vétérinaire de Winnipeg voyagea vers l’est du Canada. Harry Colebourn était en route pour rejoindre le Corps expéditionnaire canadien lorsqu’il vit un ourson à la station de train de White River, en Ontario. Le chasseur qui avait tué sa mère vendait l’ourson pour 20$. Colebourn l’acheta et lui donna le nom de Winnipeg, sa ville natale.
Une fois arrivé à Valcartier, au Québec, Harry embarqua sur un vaisseau de la marine royale et il traversa l’Atlantique avec « Winnie », comme il l’appelait affectueusement – une oursonne noire qui fut rapidement connue pour son comportement joueur mais gentil. Contrairement aux grizzlys, les ours noirs sont timides et ils ne sont pas agressifs pour défendre leur territoire comme les autres ours. Ils sont curieux et relativement calmes – les ours noirs sauvages ne doivent pas être considérés pour autant comme doux et joueurs ! Winnie était unique parce qu’elle fut élevée au milieu des humains. Elle devint rapidement la mascotte officieuse du régiment d’Harry.
Lorsque Harry apprit qu’il était déployé en France pour servir à proximité de la ligne de front, il laissa Winnie au zoo de Londres. Elle en devint rapidement la vedette. Lorsque les visiteurs frappaient à sa porte, Winnie sortait les voir. Les enfants étaient autorisés à monter sur son dos et elle mangeait dans leur main. Les responsables du zoo avaient entièrement confiance dans la nature paisible de Winnie (WhiteRiver.ca, 2018). Au départ, Harry pensait la ramener avec lui à Winnipeg, mais après avoir servi en France et vu l’amour du public pour Winnie, il changea d’idée et il la laissa au zoo. Arrive alors Christopher Robin Milne.
Fils du célèbre écrivain A.A. Milne, Christopher est né en 1920 à Londres, en Angleterre. Pour son premier anniversaire, il reçut un ours en peluche appelé Edward. Après de nombreuses visites au zoo de Londres, Christopher décida de le renommer « Winnie l’ourson », car lui et son père avaient tous deux une grande affection pour l’ourse joueuse.
En villégiature dans la maison de campagne familiale, Christopher s’aventura hors du jardin pour explorer les bois au-delà du portillon. Étant fils unique, ses animaux en peluche étaient les amis qui l’accompagnaient dans ses explorations de ce qui allait devenir la « Forêt des rêves bleus ». Dans son livre Les lieux enchantés(1), Christopher Milne décrivit plus tard comment le pont en forêt devint le « pont des bâtons » où Winnie jouait avec ses amis, ou comment un noyer devint « la maison de Winnie ». Sa peluche kangourou devint « Grand Gourou », son tigre « Tigrou » et lui-même le personnage de « Jean-Christophe ». Le père de Christopher remarqua l’imagination débordante de son fils, ainsi que son interaction avec les bois et ses jouets. Cela l’inspira à écrire les célèbres histoires de Winnie l’ourson.
En apparence, l’histoire semble idyllique. Cependant, l’immense succès des histoires de Winnie l’ourson fini par provoquer des tensions familiales. A.A. Milne s’offensa que ces histoires furent davantage acclamées que tous ses autres écrits. Christopher Milne commença à détester son homonyme de fiction. Lorsqu’il alla au pensionnat, les autres enfants le harcelaient et l’embêtaient, tandis que le grand public voulait connaître le garçon derrière cette histoire. Ses parents l’emmenèrent alors à travers le monde pour des séances de dédicaces et des conférences de presse. Un article du New Yorker rapporte qu’il « voulait une enfance anonyme pour jouer dans les bois, loin de l’exploitation liée aux apparitions publiques, du tourbillon des entretiens dans les médias et du courrier des admirateurs qu’il reçut toute sa vie » (NewYorker.com, 25 octobre 2017).
Christopher s’éloigna de ses parents et après la mort de son père, en 1956, il ne revit plus jamais sa mère. Cependant, au fil des ans, il se sentit plus à l’aise avec son rôle dans ces histoires pour enfants. Bien qu’il ait initialement refusé les redevances des livres, il finit par les accepter et il parlait parfois dans sa librairie avec des clients au sujet de son enfance et de son affection pour Winnie l’ourson (Telegraph.co.uk, 14 octobre 2016).
De nos jours, il semble impossible d’avoir une bonne histoire qui n’aurait pas sa part d’obscurité, ou d’entendre une bonne nouvelle qui n’aurait pas son côté négatif. Cependant, des générations d’enfants dans le monde se sont amusées comme Winnie à jeter des bâtons depuis un pont. Ces enfants se sont divertis devant les livres et les dessins animés de Winnie et de ses amis. Par rapport à de nombreux divertissements actuels, y compris ceux pour les enfants, ces histoires étaient innocentes et sans danger.
En 2014, l’Université Ryerson de Toronto a organisé une exposition intitulée En souvenir de la vraie Winnie, à l’occasion du centième anniversaire de « l’ourse la plus célèbre du monde ». Les quatre livres de Winnie l’ourson écrits par A.A. Milne décrivaient des instants de bonheur dans la vie des véritables individus qui ont inspiré l’histoire. L’héritage de Winnie l’ourson fut brillamment résumé par Doina Popescu, la directrice de l’exposition : « Winnie était un symbole de paix et d’amour en temps de guerre, un symbole de survie et je pense que nous avons toujours ce besoin de graviter autour de ce genre de mascottes » (TheGlobeAndMail.com, 4 novembre 2014).
Nous vivons dans une société pleine de corruption, de luttes et de déceptions. Cependant, le but de notre revue n’est pas seulement de parler des défis du monde actuel, mais aussi du côté positif du monde à venir. L’apôtre Paul écrivit « que tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite l’approbation, ce qui est vertueux et digne de louange, soit l’objet de vos pensées » (Philippiens 4 :8). Dans un monde comme le nôtre, ce conseil est essentiel si nous voulons nous élever au-dessus de la négativité ambiante.
La bonne nouvelle est qu’un jour nous aurons des histoires positives, dépourvues de la tristesse et de l’agitation de cette époque. L’enfance heureuse de Jean-Christophe, dans Winnie l’ourson, ne sera plus l’exception, mais elle deviendra la norme. Un jour, « le loup habitera avec l’agneau, et la panthère se couchera avec le chevreau ; le veau, le lionceau, et le bétail qu’on engraisse, seront ensemble, et un petit enfant les conduira » (Ésaïe 11 :6).
(1) The Enchanted Places