Pour faire une recherche avancée (rechercher des termes dans un type de publication précis), entrez les mots en suivant la syntaxe présentée dans les exemples ci-dessous :
Le mouvement protestant était-il une tentative sincère de restaurer le christianisme du Nouveau Testament ? Les « fruits » montrent-ils qu’il fut motivé et guidé par l’Esprit de Dieu ? Lisez la surprenante VÉRITÉ dans la quatrième partie de cette série levant le voile sur la Réforme protestante !
La vérité au sujet de la Réforme protestante
Quatrième partie
Nous avons déjà parlé de la grande apostasie qui s’empara de la soi-disant Église chrétienne après l’époque des apôtres. Le paganisme – ses cérémonies, ses traditions et ses philosophies – fut rapidement introduit dès les débuts de l’Église catholique.
L’histoire documentée de la corruption massive et de la débauche dans la soi-disant « chrétienté » offre un contraste saisissant avec les croyances, les coutumes et le mode de vie de la véritable Église à l’époque apostolique. Nous avons vu que des hommes comme Hus ou Savonarole furent martyrisés pour avoir essayé de purger cette méchanceté hors de l’Église catholique.
Des millions de gens suppliaient pour obtenir un allègement de la tyrannie politique et financière de Rome. Nous avons vu dans la partie précédente la manière unique dont les espoirs de la population s’identifiaient à Luther.
Nous avons présenté les preuves documentées que Luther était accablé par un sentiment de culpabilité qui le rendait incapable d’obéir à ce qu’il croyait être la volonté de Dieu. Cela le conduisit à ajouter un mot à Romains 1 :17 et 3 :28, en enseignant que « le juste vivra par la foi seule ».
En plus de se révolter contre la doctrine catholique des indulgences, Luther se rebella contre la nécessité d’obéir aux commandements de Dieu – en se reposant sur la « foi seule » pour obtenir le salut.
Dans sa rébellion contre Rome, il lança un appel politique pour engranger le soutien des nobles allemands en leur écrivant : « Nous sommes nés pour être des maîtres […] Il est temps que le glorieux peuple teuton cesse d’être la marionnette du pontife romain » (Documents of the Christian Church, Henry Bettenson, page 278).
Après sa rupture avec Rome, Luther commença à rattacher un certain nombre de nobles et de princes influents à sa cause. Sans protection, il était un homme mort – mis au ban par l’empereur et par le pape.
Pendant ses disputes avec Johann Eck, ainsi que dans ses prêches, ses écrits et ses autres travaux réformateurs, Luther gagna le respect d’un grand nombre de jeunes humanistes en Allemagne. Parmi eux, Ulrich von Hutten and Franz von Sickingen. Von Hutten assista Luther dans ses appels religieux en écrivant des pamphlets satiriques contre le pape et le haut clergé. Son ami von Sickingen offrit à Luther d’utiliser son château comme un lieu de refuge en cas d’urgence.
Deux autres hommes aidèrent Luther dans son travail et ils s’associèrent à lui à l’université de Wittenberg. Le premier d’entre eux était Andreas Carlstadt. C’est lui qui remit à Luther son titre de docteur, en qualité de chancelier de l’université de théologie. Carlstadt était un théologien compétent à son époque, mais il lui manquait la personnalité et l’éloquence populaire de Luther. Il était considéré comme étant impétueux et il voulait apporter une réforme plus complète que celle de Luther. Au grand désarroi de Luther, il mettait parfois en pratique ce dont Luther parlait à peine.
L’autre homme qui plongea dans les enseignements de Luther était Philipp Melanchthon, professeur de grec à l’université. Il n’avait que 21 ans à l’époque, mais il était éduqué, sensible et brillant – bénéficiant déjà d’une grande réputation pour ses capacités. Sa conversion aux enseignements de Luther n’était pas un travail de l’esprit, mais la conséquence de son approbation enthousiaste de l’interprétation des écrits de Paul par Luther.
Ces humanistes, ces théologiens, l’électeur Frédéric le Sage, d’autres princes, d’autres nobles et des universitaires commencèrent à soutenir Luther et ses enseignements. Pour la plupart des princes et des nobles, les motifs étaient purement politiques et financiers. Ils étaient lassés de la domination et de l’ingérence de la papauté italienne. Luther était devenu un symbole concret de cette rébellion sous-jacente. Sous sa direction, ils s’unirent dans un lien commun de haine contre la puissance matérialiste de l’Église catholique romaine (Manual of Universal Church History, Johannes Baptist Alzog, volume III, page 202).
Pour les humanistes, Luther devint un héros qui exprimait avec une éloquence populaire ce qu’ils avaient écrit dans des livrets et des pamphlets subtils et érudits, qui dépassaient la compréhension du citoyen moyen. Son appel religieux donna de la profondeur et un sens positif aux attaques contre la hiérarchie, ce dont manquaient leurs écrits satiriques. Beaucoup ne comprenaient pas sa doctrine de la grâce, mais son esprit de rébellion contre Rome se répandit rapidement.
Du jour au lendemain, Luther devint un héros pour toute l’Allemagne dans leurs plaintes contre la papauté. Un véritable mouvement s’était mis en marche. Le pape et le nouvel empereur Charles Quint se rendirent compte que tout convergeait vers un conflit qu’ils ne maîtrisaient pas entièrement.
Le traité de Luther « À la noblesse chrétienne de la nation allemande », publié en 1520, le rendit très populaire auprès des nobles, des autorités locales et des paysans allemands. Ses propositions concrètes sont ainsi résumées par Walker : « La mauvaise administration, les nominations et les taxes papales doivent être limitées ; les postes d’oppression supprimés ; les intérêts ecclésiastiques allemands placés sous un “primat d’Allemagne” ; le mariage des prêtres autorisé ; les jours saints beaucoup trop nombreux réduits dans l’intérêt de l’industrie et de la sobriété ; la mendicité interdite, y compris celle des ordres mendiants ; les maisons de prostitution fermées ; le luxe réduit ; et l’éducation théologique dans les universités réformée. Il n’est pas surprenant que l’effet du travail de Luther fut profond. Il exprima ce que des hommes honnêtes pensaient depuis longtemps » (A History of the Christian Church, Williston Walker, page 345).
Plus tard, la même année, dans « La captivité babylonienne de l’Église », Luther s’attaqua à la pratique des sacrements au sein de l’Église catholique. Il rejeta la doctrine de la transsubstantiation et il déclara qu’il n’existe que deux véritables sacrements – le baptême et la Sainte Cène. Il renia la validité scripturale des autres sacrements catholiques – la confirmation, le mariage, les ordres et l’extrême onction. Il déclara tout de même que la pénitence avait une certaine valeur sacramentelle en tant que retour vers la pureté du baptême.
Il est remarquable qu’en rejetant la transsubstantiation, Luther professa l’autorité absolue des Écritures en matière de foi et de pratiques. Il déclara : « Car ce qui est affirmé sans l’autorité des Écritures ou sans une révélation prouvée n’est rien d’autre qu’une opinion, et il n’y a aucune obligation d’y croire […] La transsubstantiation […] doit être considérée comme une invention de la raison humaine, car elle n’est basée ni sur les Écritures ni sur un raisonnement solide » (Bettenson, page 280).
Si seulement Luther avait appliqué ce genre de mise à l’épreuve par les Écritures à toutes ses propres doctrines, le monde serait peut-être bien différent aujourd’hui ! Lorsqu’il fut accusé d’avoir inséré le mot « sola » (seule) dans Romains 3 :28, il répondit hautainement : « Si votre pape vous ennuie avec le mot sola, répondez-lui simplement : c’est la volonté du Dr Martin Luther qu’il en soit ainsi » (Alzog, page 199). Et nous pouvons ajouter de source sûre qu’aucune autre raison ne fut donnée pour ce changement contraire aux Écritures. Lorsque les convictions doctrinales personnelles de Martin Luther étaient en jeu, il n’en faisait qu’à sa tête.
L’essence de l’évangile de Luther était le pardon des péchés à travers une foi personnelle et transformatrice en Jésus-Christ. Il considérait cela comme la seule forme de religion véritable (Walker, page 346).
Luther négligea totalement les enseignements bibliques concernant la forme de repentance absolue qui doit impérativement précéder le pardon des péchés. Son esprit continuait de se rebeller contre la nécessité d’obéir à toute forme d’autorité ou de loi après avoir été pardonné par la foi en Christ. Il écrivit : « Pour tous ceux qui croient en Christ, aussi nombreux et méchants soient-ils, ils ne seront ni tenus responsables de leurs œuvres ni condamnés pour celles-ci », avant d’ajouter, « l’incrédulité est le seul péché dont l’homme puisse être coupable ; dès que le mot [péché] est utilisé pour autre chose, c’est une utilisation inappropriée » (Alzog, page 199).
Son troisième traité « De la liberté du chrétien », publié en 1520, affirme qu’un chrétien n’est spirituellement soumis à aucun homme ni à aucune loi. Il prétend que puisque nous sommes justifiés par la foi seule, nous n’avons plus l’obligation d’observer la loi de Dieu.
Nous voyons ici que Luther continua de mettre l’accent sur son expérience personnelle, émotionnelle et psychologique du pardon gratuit, comme le principe central de son enseignement. Il s’était lui-même senti si opprimé par un sentiment de culpabilité au sein de l’Église catholique qu’il rejetait désormais tout ce qui se rapportait à une loi ou à un besoin d’obéissance. Nous comparerons plus tard cet enseignement avec les Écritures.
Les grandes lignes de la doctrine de Luther étaient maintenant achevées. Bien qu’il clarifiera plus tard certains points mineurs, les principes de base du système théologique de Luther était désormais établis (Walker, page 346).
En 1521, Luther fut sommé d’assister à la diète de Worms et ses amis l’avertirent que sa vie était en danger. Mais l’empereur lui donna la promesse d’un sauf-conduit et il était déterminé à s’y rendre quand bien même « il s’y trouverait autant de diables qu’il y a de tuiles sur les toits » (Histoire de l’Église chrétienne, Jesse Lyman Hurlbut, éditions Vida, page 130, traduction Philippe le Perru).
Lors de sa comparution devant la diète, Luther fut placé devant plusieurs de ses livres et il lui fut demandé s’il les renierait ou pas. Après s’être retiré pour réfléchir à la question, il admit qu’il avait parfois parlé trop durement contre certaines personnes, mais qu’il ne renierait pas la substance de ce qu’il avait écrit, à moins que les Écritures ou la raison puissent prouver le contraire. Il aurait alors conclu avec ces mots : « Me voici, je ne peux autrement. Que Dieu me vienne en aide ! » (ibid., page 130).
En rentrant de Worms, Luther fut arrêté à l’instigation de ses amis et séquestré au château de la Wartburg, près d’Eisenach, où il resta caché pendant près d’un an. Il avait été mis au ban de l’empire et si l’Allemagne avait été dominée par une puissante autorité centrale, la carrière de Luther se serait rapidement terminée en martyre. Mais son dirigeant puissant et amical, Frédéric le Sage, courut une fois de plus au secours de Luther. Depuis sa retraite secrète à Wartburg, Luther continua d’écrire des lettres et des pamphlets soutenant sa cause, qui étaient envoyés dans toute l’Allemagne. Mais le résultat le plus durable de cette période fut sa traduction du Nouveau Testament en allemand depuis le texte grec d’Érasme. Celle-ci est toujours considérée comme une œuvre littéraire de grande valeur et le fondement de la langue allemande écrite (ibid., page 131).
« Peu de services aussi grands que cette traduction ont jamais été rendus au développement de la vie religieuse d’une nation. Malgré toute sa déférence pour la parole de Dieu, Luther avait ses propres canons de critiques. Il s’agissait de la clarté relative avec laquelle son interprétation de l’œuvre du Christ et la méthode du salut par la foi étaient enseignées. Selon ces standards, il pensait que [l’épître aux] Hébreux, Jacques, Jude et l’Apocalypse avaient une valeur moindre. Même dans les Écritures, il y avait des différences de valeur » (Walker, page 349).
Bien que Luther enseignât que toutes les véritables doctrines devaient être basées sur les Écritures, nous voyons qu’il avait ses propres théories lorsqu’il s’agissait d’interpréter les Écritures, jusqu’à dévaluer des livres entiers de la Bible ! Comme nous allons le voir, il critiqua violemment ceux qui étaient en désaccord avec ses théories doctrinales.
Pendant que Luther était reclus à Wartburg, plusieurs de ses compagnons poursuivirent la révolution ecclésiastique à Wittenberg. Dans certains cas, ils effectuèrent des réformes dont Luther avait parlé – mais au sujet desquelles il n’avait rien fait.
En octobre 1521, le moine et disciple de Luther, Gabriel Zwilling, critiqua la messe et il recommanda d’abandonner les vœux cléricaux. De nombreux frères du couvent augustin de Wittenberg renoncèrent à leur profession de foi et Zwilling s’attaqua bientôt à l’utilisation des images religieuses.
Le jour de Noël, en 1521, Carlstadt appela la ville à célébrer la Sainte Cène d’une nouvelle manière. Il officia en habits civils, il supprima toute référence au sacrifice dans la liturgie, il proposa le pain et le vin aux laïcs, et il conduisit les sacrements en langue allemande (The Reformation of the Sixteenth Century, Roland Bainton, page 64).
La confession et les jeûnes furent bientôt abandonnés. Carlstadt enseigna que tous les ministres devraient se marier, ce qu’il fit lui-même en 1522.
L’enthousiasme général fut amplifié par l’arrivée en décembre 1521 de quelques « prophètes » radicaux venus de Zwickau. Ils prétendaient être sous l’inspiration divine, ils enseignaient contre le baptême des enfants et ils prophétisaient la fin rapide du monde (Walker, page 350). Melanchthon fut irrité par ces événements et il n’était pas sûr de savoir s’il devait soutenir ou renier ces nouveaux enseignements.
De son côté, Carlstadt essayait seulement de suivre les appels de Luther à revenir aux pratiques scripturales. Il est peut-être regrettable que l’arrivée des « prophètes » de Zwickau ait radicalisé le mouvement pendant quelque temps. Ces incidents déplurent fortement à l’électeur Frédéric le Sage et d’autres princes allemands exprimèrent leur mécontentement. Il est important de comprendre que Luther avait une marge de manœuvre très étroite afin de contenter ces princes allemands qui le soutenaient politiquement, militairement et financièrement.
Afin d’éviter d’une part la censure des princes allemands pour cause de radicalisation et d’autre part à cause d’une jalousie évidente à l’égard de Carlstadt (A Concise History of Foreign Baptists, G.H. Orchard, page 339), Luther était déterminé à revenir à Wittenberg pour reprendre les rênes du mouvement réformateur.
Voyons d’abord quelques changements apportés par Carlstadt :
« Carlstadt renonça à l’habit clérical et, bien qu’étant ministre, il s’habillait d’un grand manteau gris comme les paysans. Le deuxième principe qui renforçait cette position portait le nom d’égalitarisme social. La doctrine du clergé pour tous les croyants fut tellement prise au sérieux que Carlstadt ne voulait plus être appelé docteur mais seulement “frère Andreas”. Le désir de restaurer le modèle du christianisme originel, également partagé par Luther, alla jusqu’à introduire des pratiques de l’Ancien Testament. La destruction des images [religieuses] était basée sur l’injonction mosaïque, de même que l’introduction de l’observance stricte du sabbat. Le programme tout entier était étranger à l’esprit de Luther qui pensait que la terre et sa plénitude sont au Seigneur, et que toute portion de celle-ci pouvait être utilisée dans les intérêts de la religion » (Bainton, pages 65-66).
Après avoir entendu ce nouveau programme, Luther revint immédiatement à Wittenberg, il récupéra les faveurs du prince électeur et des autorités municipales, puis il bannit Carlstadt de la ville.
Bien que Carlstadt ne comprît pas certains points, il est frappant de voir qu’il essayait de restaurer de nombreuses pratiques du Christ et des apôtres. Luther ne voulait pas en entendre parler. Il mentionnait parfois le fait de revenir à la chrétienté biblique, mais il rejetait toutes les tentatives concrètes pour le faire.
Après être rentré à Wittenberg, Luther montra une attitude conservatrice en toutes choses et il récupéra son influence auprès des princes allemands. Il fut obligé de faire de la politique la plupart du temps car la réussite du mouvement luthérien était totalement dépendante de leur volonté.
L’empereur était désormais occupé à mener une grande guerre contre la France au sujet du contrôle de l’Italie. Le pape Léon X était mort en décembre 1521 et son successeur n’était pas encore assez influent pour ralentir les activités de Luther. Dans ces circonstances favorables, il semblait que la Réforme aurait pu rallier toute l’Allemagne à sa cause (The Period of the Reformation, Ludwig Hausser, pages 68-69).
De nombreuses congrégations luthériennes s’étaient formées à travers l’Allemagne, provoquant le problème de l’organisation et du gouvernement de l’Église. Sans consulter la Bible pour voir quelle sorte de gouvernement le Christ avait instauré dans Son Église, Luther élabora son propre système. « Luther était convaincu que de telles associations de croyants avaient le pouvoir de nommer ou de destituer leurs pasteurs. Cependant, il décida aussi que les dirigeants actuels, dans leur position d’autorité et de responsabilité au sein de la communauté chrétienne, avaient pour tâche principale de répandre l’Évangile. Les expériences dans l’avenir immédiat et les nécessités administratives de l’Église dans de grands territoires firent que Luther se détourna de la sympathie qu’il avait pour ces Églises-libres au profit d’une stricte dépendance de l’État » (Walker, page 351).
À cause de ce gouvernement de l’Église conçu par un homme, nous voyons que l’Église luthérienne fut contrôlée politiquement et presque toujours dépendante de l’État, jusqu’à une époque récente. Suite aux efforts de Luther pour conserver les faveurs des princes allemands – et sa tendance à préserver un grand nombre d’idées et de coutumes venant d’une Église catholique païenne – il fut considéré comme étant très « conservateur ». En fait, il ne s’éloigna pas des traditions catholiques romaines à de nombreux égards.
Luther décida qu’une grande liberté était acceptable dans les détails du culte, du moment que la « parole de Dieu » était l’élément central. Les différentes congrégations luthériennes développèrent rapidement une multitude de coutumes dans leurs assemblées. La langue allemande fut de plus en plus utilisée en lieu et place du latin. Luther conservait en grande partie la structure de la messe catholique et il en publia une en allemand en 1526. Il conserva aussi la pratique catholique de la confession, sans qu’elle soit obligatoire pour autant. « Pendant le développement de la Réforme, l’attitude de Luther dans la forme de culte était très conservatrice. Son principe était que “ce qui n’est pas contraire à l’Écriture est pour l’Écriture, et l’Écriture est pour lui”. Dès lors, il conserva de nombreuses coutumes catholiques, comme l’utilisation des cierges, le crucifix et l’emploi illustratif des images » (Walker, page 352).
À cette époque, le premier grand désaccord commença à apparaître entre les disciples de Luther. Cela commença chez les humanistes dont le dirigeant, Érasme, était rétif à la doctrine luthérienne de la « justification par la foi seule ». Il craignait que cet enseignement provoque un déni de la responsabilité morale des hommes. Les écrits enflammés de Luther, ainsi que les débordements tumultueux à divers endroits, commencèrent à l’inquiéter.
À l’automne 1524, Érasme commença à mettre à l’épreuve le déni du libre arbitre exprimé par Luther. Cette doctrine, dont nous parlerons plus tard, affirme que lors de la chute d’Adam, la nature humaine était devenue si corrompue qu’il était incapable d’obéir à Dieu et de faire quoi que ce soit de bon.
En voyant l’erreur flagrante de cette doctrine (et d’autres) de Luther et craignant le déclin de l’intérêt à l’égard de l’éducation et de la morale publique qui semblait accompagner les enseignements de Luther, Érasme se sépara officiellement de Luther (Alzog, pages 226-227).
Un autre désaccord se produisit car des individus n’étaient pas satisfaits de certaines demi-mesures de Luther en tant que réformateur. Beaucoup voulaient revenir au modèle du christianisme du Nouveau Testament. Mais Luther semblait déterminé à conserver autant de pratiques et de doctrines catholiques qu’il le pouvait, sans délaisser sa doctrine de base sur la justification par la foi seule, ainsi que le rejet de la hiérarchie papale et du système des sacrements. Il croyait sans aucun doute que cela était nécessaire afin de conserver le soutien politique des princes allemands.
Certains dirigeants de ces mouvements se radicalisèrent. Par exemple, Thomas Müntzer, qui attaqua les catholiques comme les luthériens pour leurs doctrines, prétendit être directement inspiré et il encouragea ses disciples à piller et à détruire les monastères, ainsi qu’à briser toutes les images dans les églises (Walker, page 353).
Pourtant, si Luther avait vraiment voulu placer sa protection en Dieu seul, au lieu de chercher les faveurs de princes humains, il aurait conduit les gens à rompre complètement avec le système catholique païen, ses doctrines et ses coutumes. Il aurait trouvé des milliers d’hommes et de femmes sincères en Allemagne qui l’auraient suivi de bon cœur. La population n’en pouvait plus du système féodal romain et elle était prête pour un changement.
Il y avait ici une grande opportunité de restaurer le véritable christianisme apostolique. Si Luther et ses compagnons avaient totalement soumis leur volonté à Dieu, en Lui demandant de les guider dans chaque phase de cette restauration, en suivant honnêtement et à la lettre les enseignements et les pratiques instituées par le Christ et les apôtres, une grande partie de l’Allemagne les aurait suivis.
Mais ce ne fut pas le cas. Le refus de Luther de mener une réforme complète laissa des milliers de paysans et de citadins, honnêtes mais non éduqués, à la merci de dirigeants déséquilibrés qui dans bien des cas restaurèrent de véritables pratiques apostoliques que Luther avait délibérément ignorées – mais qui mélangèrent aussi, beaucoup trop souvent, ces vérités avec des excès bizarres de leur propre cru.
Cette situation conduisit à la révolte des paysans allemands. La façon dont Luther géra cette situation causa la plus grande fracture dans son mouvement.
La paysannerie allemande avait été oppressée depuis plusieurs générations et elle vivait dans une misère extrême. Les enseignements et l’enthousiasme religieux du mouvement réformateur de Luther avaient agi comme une étincelle en déclenchant des actions longtemps envisagées contre leurs maîtres.
« En mars 1525, les paysans publièrent douze articles, demandant le droit pour chaque communauté de nommer et de destituer son pasteur, que les grandes dîmes (ou les céréales) soient utilisées pour soutenir le pasteur et les autres dépenses de la communauté et que les petites dîmes soient abolies, qu’il soit mit fin au servage, que les pauvres puissent utiliser les forêts, que le travail forcé soit régulé et payé convenablement, que les loyers soient régulés, que de nouvelles lois ne soient pas décrétées, que les terres communales soient rendues aux communautés auxquelles elles avaient été prises, et que les droits d’héritage payés aux maîtres soient abolis. Pour un esprit moderne, ces demandes semblent modérées et justifiées. Mais à cette époque, elles semblaient révolutionnaires » (Walker, page 354).
De nombreux historiens protestants maintiennent que Luther ne fut pas impliqué dans la révolte paysanne, mais c’est une perversion de la réalité car ils renient le fait que les paysans mettaient simplement en pratique les principes de liberté contenus dans les propres écrits de Luther. Et si ce dernier ne s’était pas tourné contre eux lorsqu’ils en avaient le plus besoin, des milliers de vies auraient été épargnées – et l’économie esclavagiste de la paysannerie allemande n’aurait pas été prolongée (Hausser, page 102).
Cependant, Luther était suspicieux à l’égard de la classe paysanne non éduquée – bien que sa famille vînt elle-même de ce milieu. Surtout, Luther avait placé sa confiance dans le soutien des princes et il faisait attention de ne pas les offenser – même s’il leur envoya un avertissement sévère et un rappel de leur responsabilité en cas de débordement (Hausser, page 103).
Alors que Luther avait longtemps prôné l’usage de l’amour et de la modération, lui qui connaissait bien l’ordre du Christ « d’aimer nos ennemis », sa volte-face dans la révolte paysanne fut d’autant plus surprenante. De plus, la situation ne nécessitait pas une telle violence comme il le proposa – et cela allait à l’encontre des principes chrétiens.
Il y avait assurément des torts des deux côtés. Mais la demande violente de Luther appelant les princes à détruire sans merci ces paysans révèle un état d’esprit très éloigné de l’Esprit qui guidait Jésus-Christ ici-bas. Voici une description précise de cette terrible situation :
« Les paysans soutenaient une bonne cause, mais ils avaient adopté de mauvaises méthodes. La plupart d’entre eux étaient ignorants, ils étaient tous exaspérés et certains en eurent assez de leurs erreurs. Dans leur révolte, ils commirent certains outrages ; des châteaux furent brûlés et pillés, tandis que des oppresseurs impitoyables furent tués. Ces actions devinrent le prétexte de représailles dont la cruauté fut rarement dépassée dans l’Histoire. Des historiens, qui n’ont aucune raison d’exagérer les faits, rapportent que plus de cent mille [paysans] furent tués avant que la furie des princes et des nobles ne s’apaise.
« Luther se trouvait d’abord parmi ceux qui les encourageaient. Il semble qu’il commença à s’inquiéter de la ténacité de ceux qui cherchaient à le rendre responsable, lui et ses enseignements, de la guerre paysanne. Il plaçait son espoir dans la protection et le patronage des princes, pour qui ses paroles avaient dû être perçues comme une grande offense. Ainsi, au milieu du tumulte, il fit imprimer un second pamphlet dans lequel il disait tout le contraire en dénonçant les paysans aussi violemment qu’il avait réprimé les princes.
« “Ils causent du tumulte, ils volent et ils pillent sans vergogne des monastères et des châteaux qui ne leur appartiennent pas. Rien que pour cela, en tant que voleurs de grand chemin et meurtriers, ils méritent la mort du corps et celle de l’âme. Il est juste et légal de tuer à la première occasion venue une personne rebelle, connue comme telle, déjà mis au ban par Dieu et par l’empereur. Pour un rebelle notoire, chaque homme est à la fois juge et bourreau. Comme lorsqu’un feu démarre, la première personne qui peut l’éteindre devient le meilleur citoyen. La rébellion n’est pas un meurtre ignoble, mais comme un grand incendie, elle peut brûler et dévaster un pays ; ensuite, le tumulte remplit le pays de meurtres, de sang versé, fait des veuves et des orphelins, et détruit toutes choses, comme la plus grande des calamités. Par conséquent, quiconque peut le faire doit frapper, étrangler et poignarder, secrètement ou publiquement, en se souvenant qu’il n’y a rien de plus toxique, pernicieux et diabolique qu’un homme rebelle. Il faut agir comme avec un chien enragé : si vous ne le détruisez pas, il vous détruira et tout le pays avec vous.
« “Laissez le pouvoir civil poursuivre avec confiance et frapper aussi longtemps qu’il puisse le faire. Voici quel est son avantage : les paysans ont une mauvaise conscience et des biens illégaux, et lorsqu’un paysan est tué il a perdu son corps et son âme, et il va pour toujours au diable. De son côté, le pouvoir civil a une conscience propre et des biens légaux, il peut dire à Dieu en toute sécurité : ‘Mon Dieu, toi qui m’a nommé prince ou seigneur, ce dont je ne peux pas douter, et qui m’a donné une épée contre ceux qui font le mal (Romains 13 :1-4) […] Par conséquent, je punirai et je frapperai aussi longtemps que je le pourrais ; tu jugeras et tu approuveras.’ […] Quelle époque merveilleuse où un prince peut plus facilement remporter le paradis en répandant le sang que d’autres par la prière” » (A Short History of the Baptists, Henry Vedder, pages 173-174).
Posons-nous la question : « Si ces paroles viennent d’un réformateur envoyé par Dieu, quelle est la valeur de la vraie religion ? » Ces paroles sont-elles issues d’un homme inspiré par le Saint-Esprit de Dieu ? Le Christ ressuscité a-t-Il utilisé cet homme pour purifier Son « petit troupeau » ?
Avec cet acte de cruauté et d’amertume contre les paysans, Luther obtint une plus grande estime de la part des princes protecteurs. Mais humainement parlant, le prix à payer fut élevé. À partir de cette époque, il perdit la sympathie populaire pour sa cause chez les paysans du sud de l’Allemagne.
Érasme réprimanda sévèrement Luther pour sa conduite hypocrite dans cette affaire sordide. Il écrivit : « Nous récoltons maintenant les fruits de ton enseignement. Tu dis effectivement que la parole de Dieu devrait, de par Sa nature, porter un fruit différent. À mon opinion, cela dépend beaucoup de la manière dont il est prêché. Tu démens tout lien avec les insurgés, alors qu’ils te regardent comme leur père, et comme l’auteur et le révélateur de leurs principes » (Alzog, page 223).
Après cela, il est facile de comprendre le manque de sympathie des paysans à l’égard d’un homme qui exhorta les princes à les « frapper », les « étrangler » et les « poignarder », eux et leur famille.
La répression sanglante de la révolte paysanne laissa le contrôle total de l’Allemagne aux princes et aux villes. Des alliances politiques se formèrent pour ou contre la Réforme. Une alliance catholique fut organisée par le duc George de Saxe et d’autres princes catholiques lors d’une réunion à Dessau en juillet 1525. Une association favorable à la Réforme fut constituée à Torgau. L’empereur Charles Quint était trop occupé avec de nouveaux problèmes – afin d’empêcher une alliance entre le pape et le roi français – pour interférer avec les luttes religieuses en Allemagne (Walker, page 356).
Au cours de la diète de Spire, en 1526, un décret fut proclamé donnant à chaque prince allemand le droit de gérer les questions religieuses sur son propre territoire, comme il se sent responsable devant Dieu. Cet acte donna au mouvement luthérien sa première existence légale et il fut considéré comme un triomphe par les réformateurs allemands. Cependant, à partir de cet instant, Luther était irrémédiablement lié à ses princes protecteurs. Comme nous allons le voir, il fut obligé de faire des compromis et d’user de tromperie pour rester dans leurs bonnes grâces. À cause de son propre système, il n’était plus autorisé à prêcher la parole de Dieu sans crainte et avec impartialité. Lui et la cause protestante étaient inextricablement liés aux politiques de ce monde.
Mais l’empereur l’emporta bientôt sur ses ennemis et les princes furent convoqués à la diète de Spire en 1529. Le parti catholique étant désormais majoritaire, un édit fut décrété interdisant la progression de la Réforme dans les États qui ne l’avaient pas accepté et des libertés totales furent accordées à ceux qui voulaient rester catholiques dans les territoires réformés.
L’électeur de Saxe et d’autres princes exprimèrent une protestation formelle face à cette décision injuste. Le terme protestant fut utilisé à partir de cette époque pour désigner le parti luthérien et ses doctrines (Hurlbut, page 131).
Dès lors, le développement des Églises territoriales devint une politique établie. L’Allemagne était divisée entre les territoires catholiques au sud et protestants au nord.
Désormais, la religion d’un homme était souvent déterminée par son lieu d’habitation. La diffusion du luthérianisme dépendait plus de la politique que des prophètes.
Dans le prochain numéro, nous parlerons des résultats – les « fruits » – de ce mouvement politico-religieux. Nous verrons ensuite les événements passionnants des autres phases de la Réforme. Afin de garder notre perspective, nous devons toujours nous demander si ce mouvement était vraiment motivé et guidé par le Saint-Esprit divin, et s’il s’agissait d’un véritable retour à « la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes ».
Pour découvrir davantage de réponses, ne manquez pas la prochaine partie de cette série importante et fascinante !
Partie 1 : La vérité au sujet de la Réforme protestante
Partie 2 : Préparer le terrain de la révolution
Partie 3 : La rupture avec Rome
Partie 4 : La Réforme prend de l’ampleur
Partie 5 : Le côté obscur de Luther
Partie 6 : La naissance du calvinisme
Partie 7 : L’Angleterre se rebelle contre Rome
Partie 8 : La violence choquante des réformateurs