Grandeur et décadence sur le Tour de France

Comme chaque année depuis 1903 (sauf pendant les deux guerres mondiales), une des courses cyclistes les plus célèbres au monde sera disputée pendant le mois de juillet. Je veux bien entendu parler du Tour de France. À l’époque moderne, cette course de trois semaines comprend une vingtaine d’étapes et les coureurs parcourent un peu moins de 3500 km à une vitesse moyenne d’environ 40 km/h. Un tel effort demande une grande forme physique et une préparation intensive. L’organisme des cyclistes est poussé dans ses derniers retranchements et les abandons sont nombreux. Ainsi, l’année dernière, presque un quart des participants ont abandonné en cours de route ou n’ont pas été classés car ils avaient pris trop de retard sur les premiers (en effet, les coureurs sont déclassés lorsqu’ils ne terminent pas une étape dans le temps maximal imparti).

Tricher pour aller plus vite ?

Malheureusement, lorsque nous entendons parler du Tour de France, le mot « dopage » vient immédiatement à l’esprit. Le cyclisme semble être un des sports les plus touchés par ce fléau. Certes, il est aussi présent dans l’athlétisme, la natation, le tennis, le football ou les sports mécaniques, mais les scandales liés au dopage dans le cyclisme ont été parmi les plus médiatisés.

Le plus retentissant d’entre eux, à l’échelle française et internationale, est probablement le cas de Lance Armstrong. Après avoir été victime d’un cancer dans la première partie de sa vie, il se remit en selle et remporta le Tour sept années consécutives, de 1999 à 2005. Mais ces titres lui furent tous retirés car il fut prouvé qu’il les avait obtenus grâce au dopage. Sa chute fut non seulement sportive et morale, mais aussi financière. « Au total, entre procès, frais d'avocats et perte de ses revenus, il estimera le coût financier de sa déchéance à 111 millions de dollars. »¹ Désormais, le nom de Lance Armstrong rime davantage avec « tricheur » qu’avec « vainqueur ».

Certes, Armstrong est en partie responsable de la situation, mais il a aussi été victime d’un système corrompu depuis des décennies. À tel point que, désormais, au moindre exploit sportif sur le Tour de France, le « héros du jour » fait immédiatement l’objet de suspicion de dopage.

Un autre coureur a connu un destin bien plus tragique qu’Armstrong. Quelques années après avoir réalisé un doublé en remportant le Tour de France et le Tour d’Italie en 1998, le cycliste italien Marco Pantani sombra dans la dépression et la drogue. Il fut retrouvé mort dans une chambre d’hôtel en 2004, à seulement 34 ans. L’enquête conclura qu’il s’agissait d’une overdose à la cocaïne et à d’autres substances, mais elle n’élucida jamais si ce fut un accident, un suicide ou un assassinat.

Trois jours avant le départ du Tour de France 1998, remporté par Pantani, l’arrestation du soigneur belge Willy Voet marqua le début de l’affaire Festina – un système de dopage organisé et médicalisé au sein de l’équipe éponyme. Les cyclistes pouvaient recevoir de l’EPO, des hormones de croissance ou encore un cocktail de substances dopantes, le tristement célèbre « pot belge », constitué d’un mélange d’amphétamines, de cocaïne, d’antalgiques, d’héroïne et de morphine. Richard Virenque, alors membre de l’équipe Festina et pressenti comme vainqueur potentiel du Tour de France, restera célèbre pour la déclaration tragi-comique qui lui fut attribuée : « Je me suis dopé à l’insu de mon plein gré. »

Comme je l’ai mentionné un peu plus haut, à cette époque-là, le système entier était corrompu et le dopage était institutionalisé dans le cyclisme. Le journaliste Rémi Bourrières a écrit à propos de Marco Pantani : « S’il a toujours nié publiquement qu’il se dopait, en privé, en revanche, Pantani ne disait pas l’inverse non plus. Oui, certainement, il se dopait. Ou disons qu’il faisait comme les autres, parce qu’il était alors impossible de faire autrement. »² Bien que les cyclistes professionnels ayant eu recours au dopage aient leur part de responsabilité, il est important de noter que l’immense majorité d’entre eux ont été, ou sont encore, des victimes du système.

Selon certains spécialistes, le dopage n’aurait jamais véritablement cessé sur le Tour de France. Il se serait seulement modernisé et « amélioré » pour devenir indétectable. Une sorte de jeu du chat et de la souris entre les équipes sportives et les autorités anti-dopage. Un de leurs principaux arguments est que les cyclistes actuels, censés être « propres », réalisent pourtant les mêmes performances physiques que leurs aînés des « années dopage ». Selon eux, l’amélioration de la technologie ne suffit pas à expliquer à elle seule les performances actuelles. Le Tour de France 2022 sera-t-il exempt de scandale ? C’est possible, mais les performances individuelles et collectives feront probablement l’objet de suspicion – particulièrement à notre époque où les théories du complot apparaissent à la moindre occasion.

Arriver le premier

Le cyclisme professionnel, comme tous les sports de haut niveau, est une compétition. Au-delà de la reconnaissance par le grand public, de l’argent est également en jeu. Parfois, beaucoup d’argent. Et des individus sans scrupules sont prêts à tout pour être les grands vainqueurs. Comme nous l’avons vu, la responsabilité est partagée entre les cyclistes et leur entourage professionnel.

Quelle est la lacune fondamentale des compétitions sportives ? Et quelle leçon pourrions-nous tirer de cette situation ?

Bien entendu, le but d’une compétition sportive est d’arriver en premier. Bien que le sport puisse être un grand divertissement, c’est un problème lorsque les enjeux financiers sont importants. C’est également un problème lorsque le sport cesse d’être un divertissement et devient une fin en soi, le but de toute une vie. Beaucoup de sportifs de haut niveau sacrifient leur vie privée et leur famille pendant plusieurs années pour atteindre leurs objectifs.

Les sacrifices des sportifs ne sont pas nouveaux. Même la Bible en parle. En se référant aux athlètes de son époque, Paul écrivit que « tous ceux qui combattent s’imposent toute espèce d’abstinences, et ils le font pour obtenir une couronne corruptible » (1 Corinthiens 9 :25). Au verset précédent, il écrivit aussi que « ceux qui courent dans le stade courent tous, mais [un] seul remporte le prix », avant d’encourager ses lecteurs : « Courez de manière à le remporter. »

La course chrétienne

La Bible révèle qu’après avoir été baptisés, les véritables chrétiens sont engagés dans une course. Quel en est le prix ? Que remportera le vainqueur ? Paul nous donne la réponse dans 1 Corinthiens 9 :25 : « Faisons-le pour une couronne incorruptible » – autrement dit, pour obtenir la vie éternelle.

Cependant, Dieu est parfait et Il est juste. Où serait la justice si le premier obtenait la vie éternelle et le deuxième « seulement » quelques siècles de vie en lot de consolation ?

La vérité est que chacun d’entre nous est le seul concurrent de la course chrétienne dans laquelle nous sommes engagés, dont le but est une victoire sur nous-mêmes, pas de l’emporter sur les autres. Nous sommes appelés à surmonter nos faiblesses. Nous poursuivons la maîtrise de soi, nous cherchons à donner plutôt qu’à prendre, nous cherchons la véracité et l’intégrité plutôt que la tromperie. C’est une course où l’humilité l’emporte sur l’orgueil et la douceur de caractère sur la querelle. C’est une course où les vainqueurs apprennent à ne pas se laisser vaincre par le mal, mais à vaincre le mal par le bien. Ce genre de vainqueurs recevront la Terre, et toutes choses, en héritage comme prix de leur victoire sur eux-mêmes (voir 1 Pierre 1 :3-5 ; Matthieu 5 :5 ; Apocalypse 21 :7, Ostervald).

Et puisque nous ne sommes pas en concurrence avec les autres, il n’y a aucune raison de se comparer à eux, de les rabaisser ou d’essayer de s’élever au-dessus d’eux. Nous pouvons même les aider à être des vainqueurs dans leur propre vie et cela ne nous ralentira pas ! Cette vérité est un élément essentiel du plan divin de salut pour l’humanité. Si vous souhaitez en apprendre davantage et découvrir quel est l’objectif de cette course chrétienne, demandez un exemplaire gratuit de notre brochure Quel est le but de la vie ?