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Les gens furent choqués par l’éclatement de l’Union soviétique en 1991. Trois décennies plus tard, la Russie va-t-elle se diviser à nouveau ?
En 1991, le monde fut choqué par la dissolution de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), permettant à ses États membres de devenir des nations indépendantes. Trois décennies plus tard, la Russie elle-même va-t-elle s’effondrer ?
Certains observateurs voient des signes montrant que la fédération de Russie se dirige vers un éclatement, dans un avenir relativement proche. Ils craignent que cela engendre alors des conséquences qui se répercuteront dans le monde entier.
Pour comprendre ce qui se passe actuellement en Europe de l’Est, nous devons comprendre l’histoire russe et européenne du siècle dernier. L’Union soviétique fut formée en 1922 suite à l’assassinat du tsar de Russie Nicolas II, quatre ans plus tôt. Les bolcheviks de Vladimir Lénine établirent une nouvelle nation, l’URSS, qui était un État communiste à parti unique. Après la mort de Lénine, Joseph Staline poursuivit impitoyablement le développement de l’Union soviétique, sous la forme d’un État socialiste policier et totalitariste, contrôlant fortement le développement industriel et militaire. Des millions de citoyens furent tués par les purges politiques de Staline, les famines et le Goulag.
Après que les nazis envahirent l’URSS en juin 1941, brisant un pacte de non-agression signé en août 1939, les forces de Staline combattirent l’Allemagne aux côtés des Alliés jusqu’à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Lorsque l’armée allemande s’effondra, les Soviétiques occupèrent l’Europe de l’Est et les Alliés l’Europe de l’Ouest. Par la suite, les Alliés retirèrent leurs forces et permirent des élections démocratiques à travers l’Europe occidentale, mais les nations occupées par les Soviétiques furent soit absorbées dans l’URSS, soit incorporées dans une alliance appelée le pacte de Varsovie. Un « rideau de fer » métaphorique divisa les nations libres de l’Europe de l’Ouest des nations communistes de l’Europe de l’Est. Finalement, un mur physique sépara les régions est et ouest d’une grande partie de l’Allemagne, ainsi que d’autres pays européens. Des décennies plus tard, suite à l’effondrement de l’URSS et la fin du pacte de Varsovie, beaucoup d’anciennes républiques soviétiques et de nations d’Europe de l’Est cherchèrent à s’allier avec l’Occident. Certaines d’entre elles devinrent membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).
Après l’éclatement de l’Union soviétique, les morceaux reconstitués formèrent la fédération de Russie, ou plus simplement la « Russie ». Elle est constituée de 85 entités regroupées en districts et régions. Bien qu’elle soit plus petite que l’ancienne Union soviétique, la Russie actuelle reste le pays le plus vaste du monde, mesurant plus de 9000 km d’est en ouest et s’étalant sur onze fuseaux horaires. C’est presque le double du Canada.
Bien que de nombreux groupes ethniques soient représentés parmi la population, la fédération de Russie est constituée à environ 80% de « Russes ». Les tensions ethniques, les problèmes économiques et la domination russe contribuèrent à l’éclatement de l’Union soviétique. Les tensions ethniques et économiques sont toujours très fortes au sein de la fédération de Russie.
La plupart des continents sont nettement séparés par leur géographie. L’Antarctique et l’Océanie sont des continents insulaires. Le nord et le sud du continent américain sont divisés par un isthme très étroit. L’Afrique et l’Asie sont reliées uniquement par la pointe nord-est de l’Égypte. Cependant, nous considérons l’Europe et l’Asie comme des continents distincts, alors qu’il s’agit de la même masse terrestre, l’Eurasie, qui n’est séparée par aucun océan. Quelle est la division physique entre l’Europe et l’Asie ? Pourquoi les Français et les Allemands se considèrent-ils Européens, tandis que les Sibériens estiment vivre en Asie ? La réponse est d’une grande importance géopolitique.
Le cardinal catholique allemand Joseph Ratzinger, qui devint le pape Benoît XVI, posa la question : « Qu’est-ce que l’Europe ? » Avant de répondre : « L’Europe n’est pas un continent que l’on peut nettement saisir en termes de géographie : il s’agit, en réalité, d’un concept culturel et historique. » Puis il expliqua que le concept même de l’Europe provient de ses racines spirituelles ancrées dans le christianisme dominant, mais il mentionna que la chaîne de montagnes de l’Oural constitue de facto une frontière physique entre l’Europe et l’Asie.1
L’Oural sépare non seulement l’Europe de l’Asie, mais aussi l’est et l’ouest de la Russie. Historiquement, la partie occidentale du pays a plutôt été rattachée à l’Europe et elle est souvent appelée « Russie européenne ». C’est de là que les tsars dirigèrent leur empire et les aristocrates russes se mariaient souvent avec leurs semblables européens. Moscou est situé à l’ouest de l’Oural, en Russie européenne. À l’est, les régions russes comme la Sibérie sont considérées comme faisant partie de l’Asie. Benoît XVI n’est pas le seul à considérer l’Oural comme la frontière orientale de l’Europe. Cette faille géopolitique crée un grand fossé dans la fédération de Russie.
De nombreux observateurs craignent que la fédération de Russie se fragmente comme l’Union soviétique, avec des conséquences déstabilisantes et dangereuses. Des politiques et des commentateurs expriment de plus en plus cette opinion en Europe de l’Ouest et de l’Est, ainsi qu’en Russie, mais celle-ci est rarement mentionnée dans les médias américains.
Andrey Kortunov, directeur général du Conseil des Affaires internationales russes à Moscou, a récemment écrit que « le véritable effondrement de l’URSS est en train d’arriver de nos jours, devant nos yeux, et les États qui ont émergé de l’espace post-soviétique doivent encore traverser tous les défis, les risques et les douleurs de la désintégration impériale […] Il semble qu’aux yeux des dirigeants au Kremlin, une Ukraine tournée vers l’Occident et collaborant étroitement avec l’OTAN présente un formidable défi non seulement aux intérêts liés à la sécurité en Russie, mais à l’existence même de la Russie. »2
Dès 2011, le président russe Vladimir Poutine reconnaissait le danger d’une division de la fédération de Russie. Lors d’une réunion de la commission gouvernementale pour le développement du District fédéral du Caucase du Nord, à Goudermes, il mit en garde contre ce qui arriverait si ce district cherchait à quitter la fédération de Russie : « Si cela se produisait, immédiatement, à la seconde même – pas dans l’heure, mais dans la seconde – d’autres voudraient faire la même chose avec d’autres entités territoriales de la Russie […] Et ce serait une tragédie qui affecterait chaque citoyen russe sans exception. »3
En début d’année, l’universitaire Michael Rubin a écrit dans un éditorial : « Une question pour les Ukrainiens et la communauté internationale sera de savoir comment traiter la Russie après Poutine. »4 Ce n’est pas le seul spécialiste à envisager l’éclatement de la Russie. Voici ce qu’a écrit Alexander Motyl, professeur de science politique à l’université Rutgers-Newark, aux États-Unis :
« C’est de nouveau 1991. Hier comme aujourd’hui, les décideurs politiques et les analystes occidentaux sont terrifiés à l’idée d’affronter les deux grandes questions “Et si ?” soulevées par la guerre calamiteuse menée en Ukraine par le président russe Vladimir Poutine : que se passerait-il si la fédération de Russie suivait les traces de l’Union soviétique et qu’elle était sur le point de s’effondrer ? […] Plus tôt l’Occident commencera à réfléchir à quoi ressemblerait un effondrement de la Russie, mieux ce sera – pas parce que nous pourrons l’empêcher, mais parce que cela aura des répercussions considérables pour le monde […] Si la fédération de Russie se désintègre, ce sera à cause des tensions et des faiblesses inhérentes à son système, à l’incapacité de Poutine de maintenir son unité et de satisfaire les élites, ainsi que l’impact catastrophique sur la Russie de sa décision stupide d’envahir l’Ukraine avec une armée qui n’était pas préparée à une telle aventure […] La fédération de Russie pourrait se métamorphoser en dix États ou plus, dont un seul serait connu comme la Russie. Cela changerait pour toujours la face de l’Eurasie […] Tout ce que l’Occident peut faire, et doit faire, est de se préparer à cette issue probable : la disparition de la Russie telle que nous la connaissons. »5
Le président Poutine est au courant de tout cela. Il est pertinent de se demander si son attaque contre l’Ukraine n’est pas tant un avertissement à l’OTAN qu’un avertissement aux différentes régions turbulentes de la fédération de Russie. L’éclatement de la nation russe telle que nous la connaissons n’aurait pas lieu en douceur.
Les analystes mentionnent différentes forces à l’œuvre pour diviser la fédération de Russie. L’ancienne Union soviétique était dirigée par le principe contraignant du communisme au sein d’un État totalitaire. Mais suite à l’effondrement de l’URSS, ainsi que l’échec de l’économie socialiste et du rejet de l’idéologie qui l’accompagne, la Russie se trouve face au défi de déterminer et de préserver les facteurs de cohésion pour maintenir les diverses régions ensemble. Ces analystes notent qu’il existe des tensions conflictuelles qui divisent la fédération, dont le nationalisme local des régions, l’augmentation des inégalités économiques, la corruption gouvernementale et la perception que la Russie européenne exploite les régions asiatiques.
La guerre en Ukraine et les sanctions qui en résultent contre la Russie ont intensifié les tensions. Mais les politiciens et les chefs d’État oublient souvent de prendre en compte un facteur supplémentaire : le lien religieux entre l’Europe et la Russie européenne, à l’ouest de l’Oural. Les liens spirituels historiques entre l’Église catholique romaine et l’Église orthodoxe d’Orient tirent leurs origines d’une ancienne unité, fondamentale au concept même de l’Europe.
Poutine, un ancien agent du KGB, n’a pas oublié que le pape Jean-Paul II, au cours de ses neuf visites en Pologne, rappela à son peuple l’existence d’une puissance supérieure au régime communiste athée. Peu après que le pape appela l’Europe de l’Est et de l’Ouest les « deux poumons de l’Europe », l’Union soviétique et le pacte de Varsovie prirent fin. Le pape Benoît XVI reprit la symbolique de son prédécesseur lorsqu’il s’exclama : « Laissons à nouveau l’Europe respirer avec ses deux poumons. »6 Poutine sait que du point de vue du Vatican, l’Europe va jusqu’à l’Oural. Les « deux poumons de l’Europe » recommenceront-ils à respirer ? Beaucoup de responsables religieux influents l’espèrent.
Ces anciennes et profondes racines religieuses et culturelles pourraient-elles conduire à l’unification politique de la Russie européenne avec le reste de l’Europe ? La Russie européenne apporterait une très grande force militaire à l’Europe occidentale, y compris dans le domaine nucléaire. La plupart des armes nucléaires russes, à la fois tactiques et intercontinentales, se trouvent en Russie européenne. Un nouveau super-État européen renforcé deviendrait immédiatement une puissance mondiale dominante, militairement, politiquement et économiquement. Il n’aurait plus besoin de l’OTAN ni du parapluie nucléaire américain. Il pourrait même devenir un adversaire pour les États-Unis.
Ce scénario pourrait-il devenir réalité dans un avenir proche ? Les lecteurs du Monde de Demain savent que cette revue explique depuis longtemps la prophétie biblique montrant que dix rois, ou dix nations, s’uniront pour former une superpuissance européenne à la fin de notre époque. Cette dernière résurgence de l’Empire romain aura une jambe orientale et une jambe occidentale, comme Dieu le révéla par le prophète Daniel (Daniel 2 :31-44 et Daniel 7).
Cette puissance dominante dans le monde sera dirigée par un individu impitoyable et charismatique, soutenu par une figure religieuse influente qui accomplira des prodiges. Ensemble, ils capteront l’attention du monde et ils obtiendront une grande puissance pendant un bref laps de temps avant le retour de Jésus-Christ. Alors que nous nous approchons de ces derniers jours, vous devez en connaître les détails ! Pour en apprendre davantage, demandez un exemplaire gratuit de notre brochure La bête de l’Apocalypse : mythe, métaphore ou réalité à venir ? (liste des bureaux régionaux en page 4), ou lisez-la en ligne sur MondeDemain.org.
1 L’Europe, ses fondements, aujourd’hui et demain, Benoît XVI, éditions Saint-Augustin, pages 11-12, 18, traduction Gabriel Ispérian
2 Internationale Politik Quarterly, n°2/2022, 31 mars 2022
3 Rossiyskaya Gazeta, RG.ru, 20 décembre 2011
4 “Putin’s War in Ukraine Could Mean the Collapse of Russia”, AEI.org, 27 février 2022
5 “Prepare for the disappearance of Russia”, The Hill, 13 mai 2022
6 Catholic News Agency, communiqué du 21 mai 2010