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Enfant, j’ai grandi pendant la Deuxième Guerre mondiale dans le sud-est de l’Angleterre, et le comté où nous habitions – à seulement 35 km de la France – fut surnommé « l’Allée des bombes ».
Pendant la bataille d’Angleterre, de nombreuses bombes tombèrent sur notre petite ville commerçante. Plusieurs maisons furent rasées et des familles entières ont été décimées. Une petite fille dans la classe de ma sœur se trouvait ainsi parmi ceux qui perdirent la vie. En repensant à tout cela, de nombreux souvenirs me reviennent à l’esprit sur ce qu’était la vie d’une jeune femme en temps de guerre.
Près de chez nous, il y avait un petit terrain d’aviation – l’aérodrome de Detling – situé au sommet des collines de North Downs. Un jour, les avions allemands lancèrent une attaque sur cet aérodrome afin de clouer les avions au sol. Ma mère se souvenait du son des sirènes des ambulances, qui passaient les unes après les autres, en direction de l’aérodrome, au sommet de la colline. Dans la ville voisine de Tonbridge, les civils pouvaient voir une terrifiante lueur rougeâtre depuis le sommet d’une autre colline – c’était Londres qui brûlait ! L’incendie pouvait se voir à des kilomètres à la ronde.
La dure réalité est que l’existence même de la nation britannique était menacée.
Le premier raid allemand sur Londres eut lieu à 16h, le 7 septembre 1940. La Luftwaffe lança une attaque éclair (blitzkrieg) avec 348 bombardiers, escortés par 617 avions de chasse, qui traversèrent la Manche depuis la France. Les rues et le port de Londres furent bombardés pendant 57 jours, détruisant un tiers de la capitale.
Le hurlement strident des sirènes annonçait chaque attaque de façon terrifiante. Peu après, nous entendions le bourdonnement bruyant des bombardiers Heinkel 111, suivi de près par les « womp-womp ! » des batteries antiaériennes. Peu de gens dormaient. Partout, des barrages de ballons était déployés dans le ciel afin d’obliger les avions allemands à voler plus haut et à rater leurs cibles.
Lorsque les raids avaient lieu de nuit, ma sœur et moi étions sorties du lit et envoyées dans la cave ou sous la table de la salle à manger. Nous entendions le sifflement terrifiant des bombes suivi par l’inévitable « boum ! » Puis nous nous demandions qui avait été touché (blessé ou tué) cette fois-ci.
Parfois, il y avait des combats aériens au-dessus de nos têtes, avec des avions allemands et anglais qui s’affrontaient en « face-à-face ». Les gens restaient souvent dans les rues, en criant et en levant le poing, comme pour encourager notre petit nombre d’avions à repousser et à chasser l’aviation ennemie, plus grande et plus puissante. Ils faisaient cela car Dieu est fidèle dans Ses promesses (Lévitique 26 :7-8).
Vers la fin de guerre, alors que j’étais un peu plus âgée, Hitler décida d’envoyer ses « bombes volantes », les missiles V1. Ils furent rapidement surnommés les « fourmilions » (sorte de libellule). Dès que nous entendions le bruit distinctif de ces missiles, nous courions dans le jardin pour les voir passer. Des flammes sortaient à l’arrière de ces premiers drones. Nous poussions un « ouf de soulagement » lorsque leur moteur continuait à tourner car ils étaient réglés pour parcourir un nombre de kilomètres défini à l’avance. Ainsi, lorsque leur moteur s’arrêtait, ils s’écrasaient et explosaient.
Les avions de la Royal Air Force décollaient pour les intercepter et les abattre en vol, ou alors ils se portaient à leur hauteur et ils touchaient une aile du missile avec une aile de l’avion pour les faire dévier et les envoyer s’écraser dans les champs, avant qu’ils atteignent Londres. Des batteries antiaériennes étaient également en action et elles envoyèrent de nombreux missiles au fond de la mer, au large des côtes sud-est de l’Angleterre, mais des centaines d’autres s’écrasèrent dans notre comté du Kent. Il existe encore aujourd’hui des cartes du Kent avec des myriades de petits points noirs représentant chaque « fourmilion » qui s’est écrasé.
Vers 9h du soir, les gens s’entassaient souvent autour des postes de radio pour entendre la voix rocailleuse de Winston Churchill rassemblant le peuple britannique – sa propre stature de bouledogue incarnait la détermination de ne jamais abandonner. Les villes devaient être rigoureusement plongées dans le noir à la tombée de la nuit (pour ne pas aider l’aviation allemande). La nourriture était rationnée et les gens étaient encouragés à « labourer pour la victoire ». Cependant, sans le courage des marins qui bravaient les groupes de sous-marins allemands U-Boot dans l’Atlantique pour rapporter l’aide alimentaire généreuse de l’Amérique, la Grande-Bretagne aurait probablement connu la famine.
La nourriture était strictement rationnée. Une fois, lorsqu’un de mes oncles était de retour en permission (il servait dans la division blindée du général Montgomery), il marcha depuis la ville jusqu’à notre maison en apportant un lapin et il me raconta plus tard qu’une ou deux personnes l’avaient arrêté pour lui demander de le lui acheter. La viande était très rare.
Mon père avait pris très au sérieux l’exhortation de « labourer pour la victoire » et il avait loué un lopin de terre pour faire pousser nos légumes. Un samedi après-midi, alors que nous étions tous là-bas (nous n’étions pas encore dans l’Église de Dieu), nous avons entendu arriver un avion allemand. Nous avons couru jusqu’à un petit bosquet et nous nous sommes jetés à terre, dans l’herbe. À travers les branchages, je me souviens encore distinctement de voir dans les airs un avion allemand descendre en piqué au-dessus de nos têtes. Heureusement, il n’ouvrit pas le feu et il n’est pas revenu.
Mon père était souvent absent. Il avait été exempté de service militaire car il avait une « occupation de réserve » comme on disait (un emploi civil essentiel pour la nation), mais pendant la nuit, il était chargé de surveiller les attaques allemandes (relever et inscrire sur un journal les horaires et lieux des bombardements aux alentours). Il faisait également partie de la Garde nationale. Par conséquent, ma mère était en charge. Elle disait à ma sœur et à moi-même de baisser la tête, de joindre les mains et de demander la protection à Dieu. Heureusement, Il entendit ses prières !
Tous les hommes éligibles étaient enrôlés dans l’armée, les hommes les plus âgés servaient dans la Garde nationale ou étaient réquisitionnés pour d’autres tâches. Cette absence d’hommes laissa inévitablement un vide que seules les femmes pouvaient combler.
Les femmes rejoignirent le corps féminin de l’armée de Terre. Certaines conduisaient les tracteurs, labouraient, plantaient et faisaient les récoltes. D’autres travaillaient dans les usines de munitions ou conduisaient les ambulances, tandis que les institutrices les plus âgées faisaient fonctionner les écoles où les enfants venaient en classe avec leur masque à gaz obligatoire.
À cette époque, la volonté de Dieu était de donner la victoire aux Alliés, mais les hommes ont quand même dû combattre et souvent mourir pour la liberté. Dans cette bataille, les femmes faisaient aussi partie de l’équation.
Quel rapport entre tout cela et notre vie actuelle ?
Avant d’être enlevé dans les cieux, Jésus-Christ donna à Son Église une mission à accomplir – prêcher l’Évangile au monde entier en tant que témoignage, enseigner et baptiser ceux que Dieu appelle. Tout comme ceux qui étaient « appelés » au service militaire, nous sommes « appelés » par Dieu, en tant que chrétiens, à accomplir un grand travail de nos jours.
En tant que femmes, nous pensons peut-être inconsciemment que c’est un « travail d’homme ». Après tout, ce sont les hommes qui présentent les émissions télévisées, qui prêchent et qui conduisent les baptêmes. Mais nous sommes en guerre, comme M. Meredith le mentionne souvent. Dans ces circonstances, tout le monde doit « mettre la main à la pâte » – y compris les femmes.
Puisque nous vivons dans un monde guidé par Satan, il est naturel que notre adversaire ne veuille pas que le véritable Évangile soit prêché, alors qu’il est occupé à séduire les nations avec une réussite certaine (Apocalypse 12 :9).
Ce « petit troupeau » (Luc 12 :32) doit donc accomplir un travail titanesque – un travail qui peut seulement être accompli à travers l’Esprit de Dieu. Néanmoins, nous avons notre part à jouer, aussi petite soit-elle.
Déjà à l’époque du Christ et des apôtres, de nombreuses femmes aidaient et soutenaient l’Œuvre (Luc 8 :3 ; Romains 16 :3, 6, 12).
Au début du 21ème siècle, nous vivons dans un monde bien différent, mais nous avons toujours une véritable armée de femmes dévouées, qui travaillent sans relâche dans les bureaux de l’Église à travers le monde. Des épouses de ministre qui accompagnent leur mari lors des visites. Des jeunes femmes qui enseignent leurs enfants à suivre les voies divines. Mais qu’en est-il des autres femmes ? Que pouvons-nous faire ?
Tout d’abord, nous pouvons prier. Prions, comme un parfum dans une coupe d’or (Apocalypse 5 :8), à propos de tous les détails de l’Œuvre de Dieu et de Son peuple. Comme nous l’avons souvent entendu, l’Œuvre de Dieu avance à genoux. Nous ne devons pas sous-estimer l’importance de la prière !
Nous pouvons aussi discuter avec les femmes qui sont nouvelles dans l’Église et peut-être répondre à leurs questions. Nous pouvons téléphoner, envoyer des lettres ou des emails à ceux qui sont malades, qui traversent des épreuves, qui ont besoin d’encouragement et de réconfort.
Nous pouvons inviter des gens chez nous (si notre santé nous le permet) ou préparer de la nourriture pour les Jours saints et après les assemblées de sabbat. Nous faisons toutes partie du corps du Christ et chacune d’entre nous a une part à jouer. Nous sommes engagées dans une immense bataille pour terminer cette Œuvre avant le retour de Jésus-Christ.
Mais contrairement aux Alliés qui, pendant la Deuxième Guerre mondiale, n’étaient jamais certains de l’issue de la guerre, nous savons que nous sommes du côté des vainqueurs.
Jésus-Christ reviendra et les paroles d’une célèbre chanson anglaise de la Deuxième Guerre mondiale deviendront réalité :
Des oiseaux bleus survoleront
Les falaises blanches de Douvres
Demain, attendez un peu et voyez.Amour et joie nous verrons,
Une époque de paix qui s’ouvre
Demain, le monde sera libéré.
Libéré… dans le Monde de Demain.